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Revanche sanglante

Alors bien sûr il a fallu se tordre une cheville pour pouvoir conserver la couronne durement conquise le 1er samedi de l’année. Cette blessure diplomatique acquise dans la pénombre un jeudi avec un seul témoin plutôt conciliant, me permettait de faire impasse sur le 9 janvier. 15 janvier soirée du club, je me fais bien sûr chambrer par mon ami Pépito qui a bien pris la précaution de ne plus venir depuis.

Ce n’est pas grave comme la mule d’Alphonse j’ai plutôt bonne mémoire.Comme j’ai une mentalité au-dessus de tout soupçon, je prends la précaution de vérifier que mon Pitau, a bien pris son apéro, a mangé quelques douceurs et fini son gâteau, je me dis qu’avec un peu de chance et quelques heures de sommeil en moins, au mieux il ne viendra pas le lendemain, soit la fatigue retardera, l’inévitable échéance.

Perso, en vue de l’entrainement du lendemain, j’évite les excès, limite la casse au niveau du sommeil allant même à prétexter le jeune âge de la descendance pour aller me coucher au plus vite laissant Madame sur la piste de danse. Je mets donc toutes les chances de mon côté.

Pourtant je ne pars pas très serein le lendemain matin, au programme 3x10 minutes qui s’annoncent encore plus longues que d’habitude. Comme d’hab’ les 3 kilomètres qui me séparent du parking de U Culture me permettent de me préparer au combat qui s’annonce, même si j’ai toujours espoir du forfait de mon meilleur ennemi.

Mes espoirs sont balayés en vingt secondes. Il suffit de voir notre ami descendre de sa voiture pour comprendre qu’il a un peu ruminé le lendemain des fêtes. L’œil du tigre version course à pied, le salut et toujours chaleureux et courtois, il a ce matin une saveur de « tu vas voir ce que tu vas voir ». Le maçon jardinier est là lui aussi, Monsieur n’a pas pris part aux festivités de la veille ce n’est pas le genre de la maison. Un bol de riz, une tisane, un plaid sur les genoux pour regarder la télé et à 20h30 au lit, genre demain je vais encore leur en mettre plein la vue…

J’ai beau rôle de recommander à tout le monde la prudence, vu l’échauffement écourté, bien essayé me dis-je, sauf que nos deux amis l’ont semble-t-il pas entendu. Les 100 premiers mètres annoncent la couleur, voilà 10 minutes qui s’annoncent encore plus longues que prévues. La première plaque je limite la casse, je prends quand même plus de 150 mètres soit par un rapide calcul au moins une trentaine de secondes. Il suffit de voir mes deux amis revenir sur moi nonchalamment avec un sourire toujours discret, poli presque gêné, tu parles ils doivent s’éclater ces deux clowns me dis-je résigné.

Je ne parle même pas de la seconde plaque où je finis même par les perdre de vue au détour d’un virage, là encore le chrono ne cesse d’égrener les secondes à la vitesse de la tortue et ces 10 minutes me paraissent un marathon. Cette fois mes deux bourreaux n’arrivent plus à cacher leur joie, ils jubilent et j’avoue que cela me fait bien rigoler de les voir me chambrer. Pitau, se lâche et me demande si ça va, l’enfoiré, c’est de bonne guerre, nous repartons dans notre troisième plaque, ces deux CONS iront jusqu’à nous faire l’affront de faire 7 minutes loin devant nous et faire demi-tour pour revenir sur nous pour finir les trois dernières minutes.

Que dire j’ai vu des mecs heureux dans la vie, et parfois quand je croise une mine enjouée dans la rue, je me félicite de ce bonheur éphémère. Mais là, non mais là, mes deux amis semblent béats, ils respirent le bonheur, remettent une petite couche pour finir histoire de montrer qui sont les patrons. Vous me croirez ou vous ne me croirez pas, mais cette fois je suis hilare, la défaite a été digérée dans les 50 premiers mètres de la matinée, le reste a été un long moment de solitude, mais de voir ces deux modèles de bonté, d’humilité ayant du mal à contenir leur triomphe cela me fait beaucoup de bien.

Premièrement, cela me fait plaisir de leur faire plaisir, deuxièmement, je me tue à le dire il n’y a pas de raison que je sois le seul sale type de ce club, leur mine triomphante trahit comme pour moi que nous sommes que des compétiteurs qui nous nourrissons de victoire, troisièmement comme toujours je prends ça avec beaucoup de philosophie et d’humilité, tant cela était inéluctable, j’aurais quand même aimé un peu plus de compassion de la part de ces soit disant modèles d’esprit sportif. Malheureusement, c’était une fessée, une raclée, une exécution, la défaite est sanglante…mais comme dirait l’autre qu’est-ce-que je me suis éclaté…Bon anniversaire à mon ami Stéphane...

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