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Histoire de cadeaux

Vendredi 18 mars 2016, je suis devant ma télé sur mon vélo d'appart. L'Olympique joue un match capital. En perspective du Marathon de Marseille, le dimanche j'ai préféré resté au chaud à la maison. Bien vu, en encaissant 3 buts en 15 minutes, les nerfs prennent le dessus, la fréquence de pédalage s'emballe, je boucle un tour de France virtuel en 2 heures sans jamais arrêter de vociférer. En clair je pédale comme Froome, mais moi je donne en plus de la voix…


Samedi 19 mars, je suis au départ du groupe 1, je suis venu saluer mes compères d'entrainement. Mon ami Pitau a un sourire goguenard en m'offrant un fanion breton renvoyant au match de la veille, les chèvres marseillaises ayant été étrillées par le FC Rennes. Un cadeau est un cadeau, je le remercie chaleureusement de cette délicate attention.


Dimanche 20 mars, 10h52 je prends le virage sur le Vieux Port, j'entre Quai Rive Neuve les larmes aux yeux, je sais que, par un heureux concours de circonstances, je suis sur le podium scratch du Marathon de Marseille. Je vis un rêve éveillé, protocole, photos, serrage de paluche, on me claque la bise, je me retrouve une heure plus tard titubant sur le trottoir ma coupe à la main pour rejoindre la voiture.


Dimanche 20 mars 13h15, je rentre triomphalement chez mes parents, mon père, ma mère, ma femme et mes enfants tout mon petit monde écoute fièrement mes exploits. Je refais ma course, mètre par mètre, le monde, les encouragements, mon podium, l'adjoint au Maire, les sponsors, les journalistes…Tout le monde sait bien que ce n'était pas ma place mais après tout je n'ai pas à rougir de mon classement, les autres n'avaient qu'à venir.


"Et Pa' t'as gagné quoi???" Mathias qui se dit qu'il va bien récupérer quelque chose lorgne sur mon sac qui ne contient pourtant que mes affaires sales. Je prends soudain conscience que le "Rien du tout" de ma réponse frise l'indécence.


Marseille ma ville, pas au niveau du moindre patelin varois, son marathon en dessous de la plus petite course à la saucisse non ce n'est pas possible. Je ne m'y résous pas. 3 mails plus tard, un faux gentil Monsieur finit par m'appeler. Société ASO (organisatrice du Marathon), il m'explique dans un cynisme froid qu'avec 2h52, il est malvenu de quémander quoique ce soit, qu'à la question déplacée de mon gamin, il fallait répondre qu'on ne fait pas du sport pour gagner quelque chose et que ma démarche relève plus de la mesquinerie que des valeurs sportives. J'avoue je reste sans voix, je raccroche presque en m'excusant d'avoir déranger ce Monsieur, plus habitué à côtoyer des stars que des pauvres types comme moi.


Je ne renonce pas à raconter ma mésaventure à tous ceux que je croise. Je garderai un souvenir magnifique de mon arrivée et de ma belle 3ème place que je n'ai volé à personne. Pour finir de manière positive, comme je suis un garçon poli, il a fallu quand même faute de cadeau que j'achète 2 journaux. Un pour moi qui sera du coup mon seul trophée et un que j'ai eu le plaisir d'offrir en retour à mon tour à mon Pitau.


Moralité même quand je gagne, je perds.



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